La poudre purgative et la manufacture

Jean d'Ailhaud (1674- 1756) est issu de la petite noblesse provençale.

 

Médecin chirurgien précurseur et homme d’affaire ingénieux, il développe une poudre purgative et des méthodes commerciales innovantes qui vont l’amener à devenir une des plus grandes fortunes des états de Provence.

 

La première initiative de Jean d'Ailhaud est d’affirmer qu’il faut arrêter de saigner les gens car cela les tue. Cette prise de position devant la faculté est audacieuse, car pendant des siècles, le premier réflexe du médecin était de saigner ses patients. Jean d'Ailhaud qui a fait ses études à la faculté de médecine de Montpellier a été fortement influencé par la communauté de médecins juifs qu’il avait fréquentée, et qui avait une approche divergente de la médecine traditionnelle.

 

Ne saignant plus des patients qui forcément se portent mieux, Jean d'Ailhaud commence à asseoir sa réputation. Cependant, il lui faut tout de même trouver une alternative pour purifier le sang. C’est ainsi qu’il développe la recette de sa potion purgative à base de racine de pissenlit, de pavot et de cendres de cheminée filtrées au travers de toile de tissage de plus en plus fin. En somme, Jean d'Ailhaud vient d’inventer les charbons.

 

C’est à Versailles qu’il lui est donné l’opportunité d’étendre sa renommée. Il est appelé au chevet de Louis XIV pour soigner la gangrène du roi. Le traitement par la potion ne porte pas ses fruits, mais il est cependant amené à traiter le frère du roi, Philippe d’Orléans. Ravi de sa guérison, Philippe d’Orléans écrit une lettre à Jean d'Ailhaud pour louer ses bons soins et lui témoigner sa gratitude. Le chirurgien fait publier cette lettre dans toutes les gazettes européennes et devient une véritable coqueluche. Il vend alors sa potion dans toute l’Europe.

Toujours mû par le désir de développer son industrie, Jean d'Ailhaud cherche ensuite à atteindre l’Amérique et la Chine. Il réalise que le meilleur distributeur possible est l’église catholique et ses missionnaires. Grâce à ce réseau de distribution très actif, il se voit distribué dans le monde entier. Il amasse une fortune colossale et devient ce que serait aujourd’hui un grand laboratoire pharmaceutique.

Jean d'Ailhaud ne vit que 3 ans au château du Grand Pré, mais son fils Jean-Gaspard d'Ailhaud prend la suite avec les mêmes talents. Il publiera un livre compilant 800 pages de témoignages de guérison grâce à la poudre.

 

*Les d’Ailhaud père et fils seront également à l’origine d’une abondante bibliographie qui confirme l’immense succès qu’a été la poudre purgative dont Vitrolles sera, à partir de 1753, le principal site de production.

La poudre purgative